Poésie / Après le théâtre, deux soirs: magie transformante
Deux soirs de suite, l’auteur est allé voir la même pièce de théâtre, avec un changement d’un soir à l’autre, deux actrices s’échangeaient les rôles, une fois le rôle principal de Violette, et l’autre soir un rôle plus effacé, et la pièce de ce seul changement prenait un tout autre sens, devenait une toute autre pièce: ce poème a été écrit de cette impression très forte de cette différence, de ces mondes si différents:
magie d’un soir-deux soirs, d’une pièce de théâtre-deux pièces:
magie d’un soir-deux soirs, d’une pièce de théâtre-deux pièces.
c’est
tellement différent,
mais tellement
. . . . tellement
miraculeusement
et étrangement autre
un ébranlement
. . . de l’être
….
cette pièce jouée, pour le rôle de Violette,
par deux actrices à tour de rôle,
se faisant face,
en une Marie muette,
occupant le corps de la Violette d’hier ou de demain,
et en Violette elle-même, changeable, changeante,
changeable,
changeante
c’est un ébranlement
comme un changement
de la couleur du ciel
la terre qui n’est plus la planète bleue,
elles sont tellement différentes,
dans un monde
et un ensemble de perceptions
. . . . . . . . . sans commune mesure aucune
l’une est
fragile, enfantine,
. . . . . . une légèreté gaie,
une foi,
elle croit que la vie est quelque chose,
. . . . . elle pose un pas devant l’autre,
. . . . . son pied touche le sol,
avec le plaisir simple de l’être qui s’ouvre à la vie,
l’autre est dure de pierre, elle a souffert,
elle ne croit plus,
elle est d’un autre monde,
elle a renoncé au monde,
sa jeunesse est sans âge,
son pied ne touche pas le sol,
sa voix passe comme un vent chaud,
odorant, mouvant, étrange,
. . . . . . . . . sa voix n’a pas de lieu,
. . . . . .sa voix n’a pas de lieu
elle est comme non là,
son origine est incertaine,
sa planète n’est pas la planète bleue,
pas la terre
pas la terre des hommes
Daniel Thomas, 1999